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En 2006, le Fonds d’art visuel a été créé dans le but de contribuer à la qualité artistique de l’architecture et de l’urbanisme lancéens, de veiller à l’harmonie des interventions dans l’espace public, d’enrichir le patrimoine artistique récemment inventorié et de promouvoir la création. Cette commission, présidée par le Conseiller administratif délégué à la culture, propose des achats, des concours ou des mandats directs, en particulier dans le cadre de travaux d’aménagements urbains ou de construction de bâtiments.

La collection en ligne

L’attention particulière que la Ville de Lancy porte à l’art contemporain se concrétise aussi par la collection d’œuvres d’art, dont le but est d’amener l’art dans l’espace public et de soutenir les artistes. Ces acquisitions se font généralement au fil des expositions dans les deux centres d’art de la commune, et par des concours. Une grande partie des œuvres sont à retrouver en ligne et d’autres seront ajoutées au fur et à mesure du travail d’inventaire.

Accéder à la collection de la Ville de Lancy

Au début des années 1960, Lancy, à l’instar de la plupart des communes genevoises, ne posséde qu’un petit nombre d’œuvres. À la suite de l’aménagement des bureaux de l’administration par l’architecte René Schwertz dans l’ancien Château de Pictet-de-Rochemont - devenu l’actuelle Mairie en 1965 - le besoin de décorer les murs se fait sentir. Après avoir sollicité le Musée d’Art et d’Histoire pour des prêts d’œuvres, les autorités restituent peu à peu les tableaux au gré d’achats de peintures et de sculptures. Au même moment et avec l’aide du Fonds cantonal de décoration, la Ville de Lancy décore ses parcs et promenades de sculptures.

Ces mêmes années et durant quinze ans, le boom démographique donne lieu à la construction d’écoles dans différents quartiers de Lancy. Les architectes Paul Waltenspuhl et Erwin Oberwiler sont mandatés pour réaliser ces bâtiments scolaires. Pour chacun, ils font appel à des artistes qui interviendront in situ, sur les sols, dans les cages d’escaliers et dans différents espaces. Tandis qu’un nouveau paysage lancéen se dessine, la collaboration avec ces artistes donne une impulsion nouvelle à la vie culturelle municipale.

Dès 1967, peintres et sculpteurs sont invités à participer à des expositions organisées par le groupe Musique et Culture de Lancy dans les salles communales ou en plein air. D’autres œuvres entrent dans la collection, des dons ou des achats directs aux artistes, tels que le Torse de l'Epopée du sculpteur Antoine Bourdelle donné par les architectes actifs sur le territoire (MM. Bordigoni, Schwertz, Waltenspuhl, Perreten et Milleret » ou le tableau de Hans Erni offert par Alphonse Bernasconi, Conseiller administratif et maire, en souvenir de ses parents. Peu à peu, une collection naît des achats faits par les autorités dans le cadre de ces manifestations artistiques.

La vitalité des groupements culturels locaux - principalement le groupe Musique et Culture devenu le Groupe culturel en collaboration avec l’Association des Intérêts du Petit-Lancy - l’apport artistique des architectes et la volonté politique de poursuivre sur cette lancée culturelle décident les autorités à accueillir l’association des Peintres et Sculpteurs genevois pour des expositions à la piscine de Marignac dès 1975.

En 1983, la Ferme de la Chapelle est inaugurée comme galerie d’art ; son rayonnement devient rapidement régional. En 1996 la Ville de Lancy reçoit une importante donation d’Erwin Oberwiler. Peu après, c’est à la Villa Bernasconi que sont organisées par le service culturel des expositions.

En 2006, une étape importante est franchie avec la création du Fonds d’art visuel. Il a pour but de promouvoir et soutenir l’art par des achats, des concours et des commandes, en particulier dans le cadre de travaux d’aménagements urbains, de construction de bâtiments, poursuivant, parmi des projets variés, l’intégration d’œuvres dans les écoles.

La Ville de Lancy a continué à enrichir la collection par des œuvres réalisées à l’occasion de concours organisés par le Fonds d’art visuel et par des achats lors des expositions à la Ferme de la Chapelle, à la Villa Bernasconi, mais aussi dans d’autres lieu

Cette variété des provenances fait de la collection de la Ville de Lancy, qui compte aujourd’hui plus de 500 œuvres dont une grande partie est accessible ici en ligne, un témoin de l’histoire municipale et de l’activité artistique de la région.


Six écoles primaires de Lancy conçues dès 1965 par l’architecte Paul Waltenspühl et son assistant puis associé Erwin Oberwiller, incluent des interventions artistiques in situ. Les œuvres de Richard Reimann, Charles Julmy, Jean Baier, Gérald Ducimetière, Jean-Yves Geisel, Charles de Montaigu, Pascal Saini, Philippe Solms, Jean-François Vigny, Charles-François Philippe, Jean Latour, Jean-Pol Reimers, Corinne Waltenspuhl, Serge Candolfi, Nicolas Suter, Daniel Polliand, Albert Rouiller, Serge Vaezi s’insèrent de différentes manières dans les bâtiments scolaires : interventions sur les murs et les sols, sculptures, peintures murales.
La Ville de Lancy a depuis poursuivi dans cette volonté d’intégrer l’art dans les écoles (école Le Sapay, de Tivoli, de Cérésole) et souhaite mener de nouveaux projets dans les futures constructions de Pont-Rouge et des Palettes

Photo: Nicolas Delaroche Studio


Archives photographiques des écoles de Lancy

En janvier 2015 le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy a poursuivi dans sa volonté de valoriser les œuvres artistiques et architecturales de la commune et parmi celles-ci, les établissements scolaires réalisés par les architectes Waltenspühl et Oberwiler. Suivant un projet d’Erwin Oberwiler, le Fonds d’art visuel de Lancy a permis la réalisation de la brochure « Art et architecture, un cas d’école (1965-2016) - Une histoire, un inventaire ». Destinée à tous les usagers des écoles, aux parents, aux amateurs ou aux nostalgiques cette brochure de 80 pages réalisée par Erwin Oberwiler rassemble l’histoire et les descriptions architecturales et artistiques des écoles de Lancy de la première école des Palettes aux plus récents agrandissements et interventions artistiques à l’école Tivoli. Qu’est-ce qui a permis la longévité de ces architectures ? Quelles particularités les distinguent ? Quelle histoire de l’art dans l’espace public racontent-elles ? De nombreuses photographies d’archive et actuelles retracent les étapes de ces réalisations en regard des textes expliquant les raisons de leur heureuse évolution. Plus accessible aux enfants et afin de les sensibiliser dès la rentrée à leur environnement quotidien, un film accompagne cette brochure. Réalisé par la jeune vidéaste Julia Sanggnakkara et par Max Idje, L’Âge de raison présente un survol en onze minutes des structures communes aux écoles et des particularités artistiques de chacune dans un langage accessible à tous. Enfin, la réalisation de cette brochure a permis de rassembler tout l’inventaire photographique des œuvres intégrées dans les écoles.
 

Dans le cadre de la nouvelle école de Pont-Rouge et de l’aménagement du parc Adelaïde-Sara Pictet-de Rochemont qui l’entoure, le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy a lancé deux concours pour des interventions artistiques dans l’espace public. L’une des caractéristiques à Lancy est la présence d’écoles pour la conception desquelles les architectes Paul Waltenspuhl et Erwin Oberwiler sont mandatés dès 1965. Pour chaque réalisation, ils font appel à des artistes qui interviendront in situ, sur les sols ou les espaces. La présence quasi inexistante de femmes dans la liste de ces artistes a interpelé le Fonds d’art visuel qui a décidé, afin de contribuer à inverser la tendance, d’inviter exclusivement des femmes artistes pour ces concours. À Pont-Rouge, la lauréate du concours lancé en 2021 pour une œuvre intégrée au mur extérieur de la salle de gymnastique est Pauline Cordier avec le projet Variations, tandis que Angeles Rodriguez a remporté le concours organisé en 2022 pour une installation artistique dans le parc, avec le portail monumental intitulé SARA.

Pauline Cordier, Variations, 2023

Cette œuvre est composée d’une paroi en béton recyclé sablé, adossé au mur porteur de la salle de gymnastique, et de miroirs texturés en acier inoxydable brillant de grand format dont les formes sont librement empruntées aux feuilles des essences d’arbres qui se trouvent dans le parc, comme le charme, le mirabellier, le peuplier, l’arbre de Judée ou l’aulne. En reflétant les détails du paysage en mouvement permanent, elle en en démultiplie la beauté. Ces formes alternent des parties lisses et des surfaces texturées qui altèrent la réalité de l’environnement. Le public est confronté à une perception particulière de ce qui l’entoure et qu’il découvre à travers ces nuages de matérialités. Architecture et nature sont ainsi intimement entremêlés. Le paysage s’anime, se modifie au gré de la luminosité, des saisons, des moments de la journée et d’un environnement qui évolue et de la position du regard, il devient objet de curiosité et d’apprentissage, qui interroge, éveille la sensibilité et la conscience des élèves et des personnes de passage. L’œuvre peut se regarder de loin, dans son intégralité, mais peut aussi révéler, lorsqu’on s’en approche, des détails du paysage. De même, on peut la regarder en passant à pied, à vélo ou en train, ou bien s’arrêter et prendre le temps de la détailler et de prendre conscience du dialogue que ces miroirs entretiennent avec ce qui les entoure.

Pauline Cordier (1992*) est une artiste française basée à Genève. Diplômée de la Haute école d’art et de Design de Genève (HEAD) en 2017, Pauline Cordier s’intéresse à la spécificité des lieux et considère la sculpture et l’installation comme vecteurs d’expression de leur propre situation. En déjouant les notions de perception et de temporalité, l’artiste met à l’épreuve la question de l’interdépendance que peuvent entretenir une forme et sa situation en positionnant la matière au centre de cette relation.

Photo: Nicolas Delaroche
Photo: Nicolas Delaroche

Angeles Rodriguez, SARA, 2023

L’œuvre d’Angeles Rodriguez s’inspire du livre de Mélanie Chapuis, une biographie très romancée de Adélaïde-Sara Pictet-de Rochemont, épouse du célèbre Charles. Dans ce livre, on peut y lire qu’elle était sensible à la cause sociale et impliquée dans le développement culturel de la communauté lancéenne. Le couple a vécu dans le bâtiment qui est devenu par la suite la mairie de Lancy, en haut de la colline surplombant l’actuel site de l’école de Pont-Rouge. Angeles Rodriguez a choisi la forme traditionnelle du portail, qu’elle propose ici comme un passage ouvert soulignant la liaison nouvellement recréée entre le parc de la mairie et celui entourant l’école, et baptisé parc Adélaïde-Sara Pictet-de Rochemont. Ces deux espaces ne formaient jadis qu’une seule parcelle, très fréquentée par la population. L’œuvre d’Angeles Rodriguez est constituée de vaubans, ces barrières qui servent à contenir les foules lors des manifestations, et qui sont ici détournés de cette fonction répressive pour, au contraire, accompagner une circulation. Des ornements de ferronnerie, dessinés à partir de formes glanées sur des bâtiments anciens à Lancy, décorent le portail. Sur un côté est suspendue une chaîne avec le prénom SARA découpé dans le métal qui ajoute un côté ludique, comme sur un porte-clés monumental. Pour réaliser ces décorations, l’artiste a voulu faire appel à la seule forgeronne en Suisse, Bertille Laguet, pour avoir une œuvre en grande partie réalisée par des femmes.

Née en 1984, Angeles Rodriguez vit et travaille à Genève. Dans son travail artistique, elle questionne l’environnement dans lequel elle vit. Elle utilise principalement l’argile brute ou la céramique. En arrivant en Suisse en 2018 depuis l’Argentine où elle est née et a vécu jusqu’alors, elle a commencé à s’intéresser aux constructions sociales. En utilisant des matériaux issus de l’artisanat traditionnel, elle s’interroge sur la façon dont les formes de pouvoir s’inscrivent visuellement dans l’histoire d’un lieu. En regardant son environnement et l’espace public de la ville, elle voit des formes et des motifs qui reproduisent des schémas dans lesquels apparaissent des hiérarchies sociales. Ses installations sont des décors où toutes les parties dialoguent les unes avec les autres. Ce sont des schémas mettant en lumière l’invisible.

Photo: Nicolas Delaroche

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