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En 2006, le Fonds d’art visuel a été créé dans le but de contribuer à la qualité artistique de l’architecture et de l’urbanisme lancéens, de veiller à l’harmonie des interventions dans l’espace public, d’enrichir le patrimoine artistique récemment inventorié et de promouvoir la création. Cette commission, présidée par le Conseiller administratif délégué à la culture, propose des achats, des concours ou des mandats directs, en particulier dans le cadre de travaux d’aménagements urbains ou de construction de bâtiments.
 


Six écoles primaires de Lancy conçues dès 1965 par l’architecte Paul Waltenspühl et son assistant puis associé Erwin Oberwiller, incluent des interventions artistiques in situ. Les œuvres de Richard Reimann, Charles Julmy, Jean Baier, Gérald Ducimetière, Jean-Yves Geisel, Charles de Montaigu, Pascal Saini, Philippe Solms, Jean-François Vigny, Charles-François Philippe, Jean Latour, Jean-Pol Reimers, Corinne Waltenspuhl, Serge Candolfi, Nicolas Suter, Daniel Polliand, Albert Rouiller, Serge Vaezi s’insèrent de différentes manières dans les bâtiments scolaires : interventions sur les murs et les sols, sculptures, peintures murales.
La Ville de Lancy a depuis poursuivi dans cette volonté d’intégrer l’art dans les écoles (école Le Sapay, de Tivoli, de Cérésole) et souhaite mener de nouveaux projets dans les futures constructions de Pont-Rouge et des Palettes


Archives photographiques des écoles de Lancy

En janvier 2015 le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy a poursuivi dans sa volonté de valoriser les œuvres artistiques et architecturales de la commune et parmi celles-ci, les établissements scolaires réalisés par les architectes Waltenspühl et Oberwiler. Suivant un projet d’Erwin Oberwiler, le Fonds d’art visuel de Lancy a permis la réalisation de la brochure « Art et architecture, un cas d’école (1965-2016) - Une histoire, un inventaire ». Destinée à tous les usagers des écoles, aux parents, aux amateurs ou aux nostalgiques cette brochure de 80 pages réalisée par Erwin Oberwiler rassemble l’histoire et les descriptions architecturales et artistiques des écoles de Lancy de la première école des Palettes aux plus récents agrandissements et interventions artistiques à l’école Tivoli. Qu’est-ce qui a permis la longévité de ces architectures ? Quelles particularités les distinguent ? Quelle histoire de l’art dans l’espace public racontent-elles ? De nombreuses photographies d’archive et actuelles retracent les étapes de ces réalisations en regard des textes expliquant les raisons de leur heureuse évolution. Plus accessible aux enfants et afin de les sensibiliser dès la rentrée à leur environnement quotidien, un film accompagne cette brochure. Réalisé par la jeune vidéaste Julia Sanggnakkara et par Max Idje, L’Âge de raison présente un survol en onze minutes des structures communes aux écoles et des particularités artistiques de chacune dans un langage accessible à tous. Enfin, la réalisation de cette brochure a permis de rassembler tout l’inventaire photographique des œuvres intégrées dans les écoles.
 


Réalisées suite à un concours sur invitation organisé en 2016 par la commission conjointe du Fonds de décoration de Plan-les-Ouates et du Fonds d’art visuel de Lancy, deux interventions artistiques complémentaires se déploient à l’école du Sapay.

Through the looking glass, de l’artiste lyonnais, Le Gentil Garçon propose une enfilade de prismes chromatiques qui accompagne l’entrée de la piscine et se prolonge à travers un miroir. Visible depuis l’esplanade à l’entrée du bâtiment, l’œuvre propose un dialogue visuel mouvant et surprenant par son jeu de lumière, de couleur et de transparence.

Fly with me, de l'artiste suisse Stéphane Dafflon, est un projet évolutif et participatif. Cinq mâts de hauteurs différentes font flotter cinq drapeaux inspirés d’éléments d’architecture de l’école et de ses teintes.
En remplacement des drapeaux d’origine réalisés par l’artiste et abimés par les intempéries, les élèves de l’école ou des membres d’associations utilisatrices des lieux ou du quartier (comme l’Institut Florimont et la crèche des Couleurs du monde) sont invités à en produire de nouvelles lors d’ateliers encadrés par des artistes et des médiatrices. Dix-huit séries de drapeaux seront ainsi réalisées sur une période de neuf ans.
 

Gentil Garçon

 

G. Dafflon
Photos: Dylan Perrenoud

 


En 2011, le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy passe commande à l’artiste pour réaliser une fresque sur le mur du préau de l’école des Morgines que la ville prévoit de rénover. Le dessin préparatoire qu’Omar Ba réalise pour ce projet en 2012 présente un banc de poissons dans un décor d’algues, de coraux et d’oursins, un thème marin qu’il décline dans plusieurs de ses oeuvres. Ayant grandi sur les côtes sénégalaises, Omar Ba partage sur ce mur d’école ses souvenirs d’enfance. Dans ce cycle, le poisson apprend dans le flux de la vie et change de couleur à chaque étape comme une feuille dans les saisons.

 

O. Ba
 

O. Ba
Photos: Omar Ba


Rencontre avec l’artiste Omar Ba

Omar Ba vit et travaille à Genève. Né en 1977 au Sénégal, il se forme à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Dakar avant d’obtenir un postgrade à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Genève en 2005, puis un Master en Art dans le domaine public à l’Ecole d’art du Valais en 2011.

A quel moment de votre vie vous êtes-vous senti peintre?

J'ai décidé d'être peintre le jour où mon professeur de mécanique nous a donné un devoir-sanction. J'ai dessiné sur le verso du polycopié un squelette qu'on poignarde. Il m'a complimenté en riant et m'a convoqué dans son bureau. "Je vais te parler comme à un frère, m'a-t-il dit, "quitte l'école de mécanique et va aux Beaux-Arts, tu pourras exprimer ta créativité, tu vas bien vivre et tu pourras voyager." Le lendemain, j'ai préparé mon dossier de demande d'admission aux Beaux-Arts.

L'accès à l'Ecole des Beaux-Arts de Dakar est facile?

Non, ce n'est pas si facile car l'école est ouverte pour toute la sous-région et retient 10 dossiers sur les 2000 qu'elle reçoit. Mais cette année-là, ils n'ont pas reçu suffisamment de dossiers et ils ont renoncé aux admissions. J'étais très ennuyé car je m'étais désinscrit de l'école de mécanique en cachette de ma mère et il me fallait attendre une année mon admission à l'école des Beaux-Arts. J'ai annoncé à ma mère qui s'est fâchée évidemment, mais plutôt que je ne fasse rien elle m'a payé les cours du soir de dessin que donnaient les mêmes enseignants des Beaux-Arts. J'ai beaucoup travaillé durant cette période, et tout ce que je faisais était récupéré par mes profs qui les utilisaient pour leurs cours. Je regardais toutes les émissions sur l'art, visitais des expositions, rencontrais toutes les personnes qui avaient un talent. L'année suivante, mon dossier a été accepté.

Quelle est la scène artistique à Dakar?

En 2002, j'étais le seul à avoir réussi mes examens. Comme j'étais major de ma promotion et que le régime venait de changer, j'ai reçu mon diplôme des mains du président. Mes parents m'ont pris au sérieux à ce moment-là. Tous mes travaux étaient exposés dans l'école et une sculpture a été offerte au président sans que j'en sois averti. J'étais très fâché et à la fois honoré. Une galerie de Dakar m'a exposé plusieurs fois et en vendant 4 ou 5 oeuvres je vivais très très bien. Les clients étaient des expatriés, des ambassadeurs ou des haut-fonctionnaires, c'est le public d'art à Dakar. Mes travaux n'étaient pas définis comme "art africain", ils étaient déjà atypiques. Je m'inspirais de l'évolution de la feuille d'un arbre, le badanier, qui se transforme de saison en saison et passe du vert au jaune, au rouge, au marron puis au noir. C'était une palette de peinture naturelle, c'était aussi une métaphore du cycle de la vie. Un jour le galeriste me dit qu'un client souhaitait un tableau bleu... J'ai réalisé que je ne voulais pas vivre de commandes et décorer des intérieurs, j'ai répondu que je n'avais pas de bleu et que je n'avais pas l'intention de le faire. Au même moment j'ai été invité à une symposium sur "le langage des couleurs" à Bonn pendant un mois. Et là je me suis aperçu que j'avais beaucoup à apprendre, j'ai mesuré l'écart entre ma pratique et celle courante en Europe. Je me suis souvenu de la rencontre faite avec Claude Sandoz venu plus tôt pour un colloque à Dakar qui m'avait parlé de la HEAD, et j'ai décidé de postuler. Je suis arrivé à Genève en 2003.

Vous m'avez dit avoir été tenté par l'enseignement de la peinture, est-ce encore d'actualité?

J'ai fait beaucoup de remplacements et d'ateliers pendant mes études à Genève. J'ai enseigné à l'école de Cérésole à Lancy pendant un an et demi. Comme je n'arrivais pas à vivre de la peinture et que je venais d'avoir un enfant, j'ai décidé de faire un master pour pouvoir enseigner et suis parti à l'ECAV. Mais là, des galeristes m'ont contacté et je n'ai pas poursuivi la formation en éducation après le master.

A quel moment vous sentez-vous peintre?

Tous les matins, au lever, je dessine pour me donner du courage, pour éviter la paresse. Je suis tout le temps tenté de sortir de l'atelier, de me distraire de mon travail pour faire des choses faciles. Mais dès que je m'éloigne de l'atelier je m'inquiète et reviens. La nuit, il y a moins de prétextes pour sortir, c'est à ce moment-là que je travaille le mieux.


Service de la culture et de la communication
HM Août 2015
 


Aux murs de l’école de Tivoli à Lancy, onze onomatopées en couleurs se font écho depuis différents lieux du bâtiment. Intitulée Fantasy (2013), l’œuvre rappelle le palindrome de l’artiste André Thomkins, Oh ! Cet écho, une allusion immédiate aux procédés d’expression et à la rhétorique. Rappelant à la fois les comics américains ainsi que les origines de la communication, les onomatopées de Gilles Porret sont en accord avec le contexte dans lequel elles s’inscrivent. Le choix se porte sur une série de mots aux sons bruyants, tels que WOUAAAH, BOOOOM, AGLAGLA, qui résonnent avec l’ambiance sonore créée par les élèves dans les couloirs. Cette proposition apparaît alors comme une représentation phonique de certaines actions ou émotions courantes dans l’environnement scolaire. Dans cette constellation de mots, de sonorités et de couleurs, les objets acquièrent une vibration spécifique, traduisant une émotion. Les élèves sont alors invités à expérimenter, au quotidien, cet exercice à dimension ludique et pédagogique.
 

G. Porret
Photo: Dylan Perrenoud


Des sacs dessinés par Gilles Porret

Les sacs dessinés par Gilles Porret pour la Ville de Lancy sont la troisième déclinaison d’une série intitulée Fantasy. Ils font écho à l’installation de 11 onomatopées métalliques fixées aux murs de la cage d’escalier du nouveau bâtiment de l’école de Tivoli au Petit-Lancy.

Fantasy est également le titre de deux tableaux dont Gilles Porret a fait don à la Ville de Lancy en 2013 accrochés dans la salle de rythmique de l’école de Tivoli. Les pastilles rondes de ces tableaux monochromes rouge et verts rappellent les couleurs de Lancy. Cet artiste de la couleur a nommé l’installation Fantasy pour évoquer la bande dessinée et son monde imaginaire ; il la destine aux usagers de l’école pour qu’ils y retrouvent les «passions et rêves de l’imagination.» Les pastilles rondes et onomatopées se déclinent en onze couleurs différentes et «glissent sur la surface des murs gris», écrit Gilles Porret sur le petit cartel qui les accompagne, complétant par ces mots : «couleurs des émotions, silhouettes des sons, passions et rêves de l’imagination.»

Après une première présentation de sa Maison rouge - petite maison peinte en rouge et posée sur le toit dans le parc Bernasconi à l’occasion de l’exposition « Intérieur-Extérieur » en 1998 – et une participation l’année suivante à l’exposition « Le Privé et l’intime » où il présente «une pièce intitulée La Fée électricité, Gilles Porret est mandaté par le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy en 2008 pour une intervention sur l’armoire de l’Etat civil à l’entrée de la Mairie. Sa Matière grise présente sur la face du gigantesque meuble traité comme un tableau des pastilles noires, blanches et grises qu’il appelle «Gris de couleurs». Pour Gilles Porret, le gris fait ressortir les couleurs et les révèle, et on le retrouve comme couleur de fond sur le sac réalisé pour la Ville de Lancy.

Le gris comme la couleur en général figurent souvent dans les titres de ses travaux, parfois en contraste avec la pièce présentée, parfois comme un jeu de mots : Le gris de couleurs annonce la lumière du réel (2002 à la Bâtie) ou Bleu de travail, Gris de couleur, ou les Palettes qui sont autant la palette de couleurs que la palette de bois de transport qu’il utilise comme support. Les pastilles qui constituent ses tableaux sont également un thème récurrent qui servent de fil rouge à travers les pièces de la collection de la Ville de Lancy.

Gilles Porret
Gilles Porret est né à Neuchâtel en 1962. Après des études d’art à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Genève 1982-86, il poursuit sa démarche sur le chemin de la peinture en développant une réflexion pertinente et souvent ludique autour de la couleur. Il s’engage dans un travail curatorial, et cofonde en 1993 In Vitro à Genève avec l’artiste Gianni Motti. En 1999, il fonde Hall-Palermo, un appartement d’art contemporain où pendant cinq années, il multiplie les expériences expositionnelles au sein même de son lieu de vie. Exposant lui-même depuis 1985 en Suisse et à l’étranger, Porret poursuit ses réflexions et ses interrogations sur la peinture, le monochrome, son dépassement face à la couleur et ses contextes. Ses œuvres font partie de collections privées et publiques. Gilles Porret vit et travaille depuis 2004 à Bière.
 


Le jardin (2013) est un ensemble de photographies lumineuses commandées à Gérard Pétremand par le Fonds d’Art visuel et intégrées dans le passage du Chemin du Progrès, à côté de la place des Ormeaux, réaménagée en 2011. Composée d’une centaine d’images faites de détails de végétation, photographiés au fil des saisons pendant une année dans les jardins des maisons avoisinantes, Jardin fait référence à l’histoire du lieu et à la transformation de l’espace urbain, dans un contexte où la croissance démographique et l’extension des villes entraînant la disparition des jardins potagers au profit du béton.
Par un travail sur la focale et sur la colorimétrie, les photographies de Gérard Pétremand se rapprochent moins du reportage que de la retranscription de la perception sensorielle et intuitive des lieux.
 

G. Pétremand
Photo: Gérard Pétremand

 


Pour cette intervention artistique commandée par le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy suite à son exposition Trames à la Villa Bernasconi, Alexandre Joly dessine sur les murs des couloirs un ensemble de constellations imaginaires et poétiques avec des pastilles piezos (petits disques métalliques dorés) aimantées sur des clous et reliées entre elles par des sections de cordes à piano. Ces petits disques ont la propriété de réfléchir la lumière, créant ainsi des scintillements lorsque nous nous déplaçons dans l’espace et suivant dans quel angle notre regard reçoit ces reflets de lumière. Les piezos sont utilisés ici uniquement pour leur propriétés physiques et non sonores, comme dans d’autres installations de l’artiste.
 

A. Joly
 

A. Joly
Photos: Dylan Perrenoud

 


En 2010 le Fonds d’Art Visuel de la Ville de Lancy passe commande à deux artistes pour des interventions artistique à Lancy-Square, un petit parc situé au centre d’un ensemble d’immeubles proches de la route de Chancy.
 

CHRISTIAN GONZENBACH, NÉOLITHES

Comme des témoins de l’évolution urbaine, les néolithes de Christian Gonzenbach se dressent dans Lancy Square. La néolithe est une roche artificielle issue des résidus de l’activité humaine. Plus précisément, c’est un conglomérat de sédiments provenant de la déconstruction des villas résidentielles qui occupaient le site auparavant. Des granulats de tuiles, pierres de taille, briques, crépi, béton usagé, verre, etc. sont liés avec un mortier à base de ciment pour former un nouveau conglomérat. C’est la transformation de la matière d’une maison en une roche solide, une sorte de fossile façonné qui contient l’histoire du lieu et où ressurgissent le brun du bois, l’ocre des tuiles, les couleurs des façades et des volets.

 

SABINE THOLEN, FENÊTRE SUR COUR, 2010

La cour de Lancy-Square, rappelle à l’artiste, formellement et par son vis-à-vis, le décor du film ‘Fenêtre sur cour’ d’Alfred Hitchcock (1954) et les observations intriguées et obsessionnelles de son protagoniste. Cette cour, espace extérieur soustrait à l’espace public de la ville, est un dispositif idéal d’observation. En référence au film, Sabine Tholen imagine une paire de jumelles en fonte dans leur boîte en cuir posées sur un banc en béton; comme un objet abandonné qui témoigne d’un certain passé.
 

C. Gonzenbach
 

S. Tholen
Photos: Dylan Perrenoud


 


Future Fossil Spaces est une colonne constituée de briques de sel extraites du désert bolivien du Salar de Uyuni, qui s’étend comme une vaste croûte de sel aux motifs polygonaux et abrite la plus grande réserve de lithium au monde, un composant essentiel des batteries de nos téléphones portables.

La question de l’extraction des ressources naturelles, présentes depuis des temps immémoriaux et vouées à disparaître à cause de leur exploitation par l’homme pour permettre l’existence de nos modes de vie actuels, est au centre de cette œuvre qui marque la tension entre un matériau du futur – le lithium – et la longue période qu’a nécessité sa constitution. Le titre Future Fossil Spaces se réfère aux futurs espaces créés sous terre par les opérations de minage, telles des traces engendrées par l’ère digitale.

Cette sculpture a été offerte à la Ville de Lancy par un collectionneur genevois. Elle se trouve à l’entrée de la salle des mariages dans la partie inférieure du bâtiment et est visible depuis l’extérieur.
 

J. Charrière
Photo: ND Archives Modernes

 


Partie intégrante du projet de Lancy-Bachet (CEVA), le passage sous la route de St-Julien a fait l’objet d’un concours artistique organisé par la Ville de Lancy et le Fonds Cantonal d’Art Contemporain (FCAC) en 2018. Parmi les six plasticiens invités, Emilie Ding a remporté les suffrages du jury pour son projet de peinture murale qui a été réalisée en 2019.

Le point de départ de sa réflexion est la particularité du Bachet, où se rejoignent de nombreuses voies de circulation, et dont le passage inférieur constitue un axe important, drainant un flux considérable d’usagers. Cette circulation de personnes offre l’image d’un système vasculaire, caractérisé par cette zone d’immersion souterraine. Intitulée «Sur la lumière colorée des étoiles doubles et de quelques autres astres du ciel», l’œuvre d’Emilie Ding est une peinture murale au dessin tentaculaire et organique qui accompagne les personnes dans ce trajet sous la peau du tissu urbain. Le titre rend hommage au mathématicien Christian Doppler qui, grâce à ses découvertes sur les fréquences, a permis de mieux comprendre le voyage du sang à travers nos artères et la distance entre la terre d’autres objets célestes.

Les œuvres d’Emilie Ding, active entre Genève et Berlin, ont été exposées dans de nombreux centres d’art contemporain en Suisse et à l’étranger et sont également visibles dans l’espace public.
 


Lauréat d’un concours du Fonds d’art visuel en avril 2020, Benoît Billotte a réalisé une peinture murale monumentale sur le mur de soutènement CFF au terminus du tram 17 à Pont-Rouge. Intitulée Ligne de terre, cette œuvre s’inscrit dans les thématiques chères à cet artiste arpenteur, liées au territoire et au paysage, physiques ou imaginaires, présents ou passés.
Benoît Billotte est parti ici de l’observation de ce quartier qui évoque le voyage par la présence du train, du tram, des routes et de la nouvelle promenade Nicolas Bouvier qui passe par là – en hommage à l’écrivain voyageur né à Lancy. Pour cette peinture murale, il a imaginé des codes cartographiques, géographiques et astronomiques qui s’entremêlent le long d’une ligne d’horizon, une ligne de terre. Dans la partie basse, une succession de couches géologiques révèle les dessous de l’écorce terrestre. Plus aérienne, le haut de la composition représente en jaune les courbes de terrain, sur lesquelles viennent se superposer en blanc les constellations du poisson et du scorpion, clin d’œil au récit de Nicolas Bouvier.

Pour en savoir plus
 

B. Billiotte
Photo: Nicolas Delaroche

 


En juin 2016, le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy lançait un concours d’intervention artistique pour la gare Lancy-Pont-Rouge. Le jury a arrêté son choix sur le projet de Gérard Collin-Thiébaut, Hier, aujourd’hui, demain.

D’entente avec le CEVA et les CFF, la Ville de Lancy a défini le périmètre à disposition : les 126 mètres de vitrage le long des quais de la gare côté Lancy et les 25 mètres côté est, sur le pont enjambant la route du Grand-Lancy.
Sur les vitraux réalisées par l’entreprise Saint-Gobain défilent des motifs divers liés à Lancy d’hier et d’aujourd’hui: une fanfare passant devant le Café du Centre; l'église Saint-Michel; la montée des voyageurs dans le tram à Lancy; l'arrêt du tram 14, la porte de la Grange des Dîmes; la rampe avec son tramway; l'avenue des Ormeaux; un marchand de vin avec ses commis; des agriculteurs, poissonniers ou bouchers; un commerçant menant sa charrette chargée de paniers d’osier; l'Auberge des Communes Réunies (Chez Zinette); Charles Pictet de Rochemont; son fils, le linguiste Adolphe Pictet; le château de Lancy, devenu mairie; la maison Aubert; des soldats durant la Deuxième Guerre mondiale; Henri-Frédéric Amiel; l’acteur Michel Simon.
 


Hormis les projets artistiques financés par la Ville de Lancy via son Fonds d’art visuel, la commune bénéficie également de projets artistiques cantonaux, portés par le Fonds Cantonal d’Art Contemporain (FCAC), comme le projet Mire dans les gares du Léman Express, un dispositif permettant de montrer de l’art vidéo sur des supports de grands formats.

L’idée est d’offrir à un large public la possibilité de découvrir l’art contemporain et des interventions artistiques qui accompagnent les usagers des gares. Les œuvres commanditées par le FCAC constituent un soutien important aux artistes confirmés et émergents et participent à la valorisation du patrimoine cantonal et municipal. Le choix de l’art vidéo a été déterminé avant tout par l’histoire récente de l’art à Genève qui a joué un rôle pionnier dans cette discipline grâce au Centre pour l’image contemporaine et à la Biennale de l’image en mouvement. L’image en mouvement fait aussi écho au déplacement des personnes qui empruntent les transports publics. Le projet Mire est prévu pour 10 ans, avec des renouvellements de vidéos réguliers.

  • Les artistes à Lancy Pont-Rouge : Marion Tampon-Lajarriette, Joëlle Flumet, Carola Bonfili
  • Les artistes à Lancy Bachet : Phoebe Boswell, Véronique Goël, Ceel Mogami De Haas

https://fcac.ch/actualites/projet-mire/
 


"Trame & Tram" de Silvie Defraoui se déploie sur trois arrêts du tram 14 (Quidort, Petit-Lancy et Les Esserts). Cette œuvre propose aux usagers du tramway une promenade visuelle grâce à un entrelacs de formes géométriques peintes au sol. L’artiste a en effet constaté l’intense sollicitation visuelle de ces lieux de passage et d’attente, situés dans un environnement très encombré par le mobilier urbain, la signalétique et la publicité. Par le biais de son intervention, elle conçoit un contrepoint qui offre au regard un espace de repos et d’évasion. Le sol se dessine comme un espace de liberté où l’artiste utilise les codes formels de la signalétique routière pour proposer aux usagers un espace où on ne consomme que la projection de sa propre imagination

Cette œuvre s'inscrit dans une commande d’art public le long du tracé de la ligne 14, développée par le canton de Genève, sur l'impulsion des communes de Lancy, Onex, Confignon et Bernex, avec la participation de la Ville de Genève. Des œuvres de John Armleder, Ugo Rondinone, Eric Hattan, Pipilotti Rist et Lang & Baumann ponctuent ce tracé.

https://www.art-et-tram.ch
 

S. Defraoui
Photo: Serge Fruehauf

 

Dans le cadre de la nouvelle école de Pont-Rouge et de l’aménagement du parc Adelaïde-Sara Pictet-de Rochemont qui l’entoure, le Fonds d’art visuel de la Ville de Lancy a lancé deux concours pour des interventions artistiques dans l’espace public. L’une des caractéristiques à Lancy est la présence d’écoles pour la conception desquelles les architectes Paul Waltenspuhl et Erwin Oberwiler sont mandatés dès 1965. Pour chaque réalisation, ils font appel à des artistes qui interviendront in situ, sur les sols ou les espaces. La présence quasi inexistante de femmes dans la liste de ces artistes a interpelé le Fonds d’art visuel qui a décidé, afin de contribuer à inverser la tendance, d’inviter exclusivement des femmes artistes pour ces concours. À Pont-Rouge, la lauréate du concours lancé en 2021 pour une œuvre intégrée au mur extérieur de la salle de gymnastique est Pauline Cordier avec le projet Variations, tandis que Angeles Rodriguez a remporté le concours organisé en 2022 pour une installation artistique dans le parc, avec le portail monumental intitulé SARA.

Pauline Cordier, Variations, 2023

Cette œuvre est composée d’une paroi en béton recyclé sablé, adossé au mur porteur de la salle de gymnastique, et de miroirs texturés en acier inoxydable brillant de grand format dont les formes sont librement empruntées aux feuilles des essences d’arbres qui se trouvent dans le parc, comme le charme, le mirabellier, le peuplier, l’arbre de Judée ou l’aulne. En reflétant les détails du paysage en mouvement permanent, elle en en démultiplie la beauté. Ces formes alternent des parties lisses et des surfaces texturées qui altèrent la réalité de l’environnement. Le public est confronté à une perception particulière de ce qui l’entoure et qu’il découvre à travers ces nuages de matérialités. Architecture et nature sont ainsi intimement entremêlés. Le paysage s’anime, se modifie au gré de la luminosité, des saisons, des moments de la journée et d’un environnement qui évolue et de la position du regard, il devient objet de curiosité et d’apprentissage, qui interroge, éveille la sensibilité et la conscience des élèves et des personnes de passage. L’œuvre peut se regarder de loin, dans son intégralité, mais peut aussi révéler, lorsqu’on s’en approche, des détails du paysage. De même, on peut la regarder en passant à pied, à vélo ou en train, ou bien s’arrêter et prendre le temps de la détailler et de prendre conscience du dialogue que ces miroirs entretiennent avec ce qui les entoure.

Pauline Cordier (1992*) est une artiste française basée à Genève. Diplômée de la Haute école d’art et de Design de Genève (HEAD) en 2017, Pauline Cordier s’intéresse à la spécificité des lieux et considère la sculpture et l’installation comme vecteurs d’expression de leur propre situation. En déjouant les notions de perception et de temporalité, l’artiste met à l’épreuve la question de l’interdépendance que peuvent entretenir une forme et sa situation en positionnant la matière au centre de cette relation.

Photo: Nicolas Delaroche

Angeles Rodriguez, SARA, 2023

L’œuvre d’Angeles Rodriguez s’inspire du livre de Mélanie Chapuis, une biographie très romancée de Adélaïde-Sara Pictet-de Rochemont, épouse du célèbre Charles. Dans ce livre, on peut y lire qu’elle était sensible à la cause sociale et impliquée dans le développement culturel de la communauté lancéenne. Le couple a vécu dans le bâtiment qui est devenu par la suite la mairie de Lancy, en haut de la colline surplombant l’actuel site de l’école de Pont-Rouge. Angeles Rodriguez a choisi la forme traditionnelle du portail, qu’elle propose ici comme un passage ouvert soulignant la liaison nouvellement recréée entre le parc de la mairie et celui entourant l’école, et baptisé parc Adélaïde-Sara Pictet-de Rochemont. Ces deux espaces ne formaient jadis qu’une seule parcelle, très fréquentée par la population. L’œuvre d’Angeles Rodriguez est constituée de vaubans, ces barrières qui servent à contenir les foules lors des manifestations, et qui sont ici détournés de cette fonction répressive pour, au contraire, accompagner une circulation. Des ornements de ferronnerie, dessinés à partir de formes glanées sur des bâtiments anciens à Lancy, décorent le portail. Sur un côté est suspendue une chaîne avec le prénom SARA découpé dans le métal qui ajoute un côté ludique, comme sur un porte-clés monumental. Pour réaliser ces décorations, l’artiste a voulu faire appel à la seule forgeronne en Suisse, Bertille Laguet, pour avoir une œuvre en grande partie réalisée par des femmes.

Née en 1984, Angeles Rodriguez vit et travaille à Genève. Dans son travail artistique, elle questionne l’environnement dans lequel elle vit. Elle utilise principalement l’argile brute ou la céramique. En arrivant en Suisse en 2018 depuis l’Argentine où elle est née et a vécu jusqu’alors, elle a commencé à s’intéresser aux constructions sociales. En utilisant des matériaux issus de l’artisanat traditionnel, elle s’interroge sur la façon dont les formes de pouvoir s’inscrivent visuellement dans l’histoire d’un lieu. En regardant son environnement et l’espace public de la ville, elle voit des formes et des motifs qui reproduisent des schémas dans lesquels apparaissent des hiérarchies sociales. Ses installations sont des décors où toutes les parties dialoguent les unes avec les autres. Ce sont des schémas mettant en lumière l’invisible.

Photo: Nicolas Delaroche

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