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L’adaptation des entreprises à un monde en transformation

C’est sur cette thématique que se sont exprimés quatre orateurs lors de cette 22e journée des entreprises lancéennes en juin dernier.

Intervenant-es

  • M. Paul Dembinski, directeur de l’Observatoire de la Finance
  • M. François Gabella, vice-président de Swissmen
  • M. Bernard Girod, président du Conseil d'administration du Groupe Serbeco
  • M. Laurent Vacelet, directeur Suisse romande et Tessin de Manpower
Journée annuelle des entreprises
Une 22e édition sur le thème « L’adaptation des entreprises à un monde en transformation ​​​​​» Crédit photo : Nicolas Dupraz

A la question « Quels scénarios économiques et financiers pour le moyen terme ? », M. Paul Dembinski, Directeur de l'observatoire de la Finance, répond que déjà avant la pandémie flottait un air de turbulences caractérisé par un stress et une anxiété technologique et climatique ambiant auxquelles sont venues s’ajouter l’angoisse et une peur existentielle. Aujourd’hui, on constate un écart croissant et une tension de plus en plus marquée entre performances économiques et un niveau d’insatisfaction et de frustrations qui se traduisent par des inégalités devenues criantes, un effondrement du lien social, un manque de perspectives, et une fragmentation au niveau géopolitique. Peut-on dès lors éviter la double rupture géographique et systémique ? Les années 1944/45 devraient nous inspirer pour aujourd’hui avec un accord indispensable pour tous sur les valeurs fondamentales, une approche inclusive ainsi qu’une coopération volontariste. Et se poser aussi la question sur les régimes autoritaires dedans ou dehors, de même que sur les promesses de la démocratie et leurs limites.

De son côté, M. François Gabella, vice-président de Swissmem, relève que, même si la Suisse fait figure d’extra-terrestre où tout à l’air d’aller au mieux, il y a malgré tout un certain nombre de dangers qui guette notre pays tels que risque de trop d’interventionnisme de l’Etat, dépensite aigüe, bureaucratie en augmentation, érosion de nos accès aux marchés étrangers, problème démographique, idée de travailler moins, préservation de l’environnement sans coût supplémentaire, ou encore la fin de la globalisation qui va fatalement augmenter les coûts. Pour lui, il s’agit de revenir aux fondamentaux comme les règles de la libre concurrence, avec un Etat qui sert la collectivité et se concentre sur ses tâches premières. Aux entrepreneurs donc d’agir et de restaurer les atouts qui perpétueront le succès économique de la Suisse toute entière. « Le modèle économique suisse n’est pas infaillible, sa défense est l’affaire de tous. »

 

Président du Conseil d'administration du Groupe Serbeco qui compte trois entités (Serbeco SA, ProP SA et ED Energie Durable SA), M. Bernard Girod a racheté l’entreprise en 1991. Sa mission : rendre Genève plus durable. Au fil des années, elle a su s’adapter et créer une véritable communauté du développement durable comprenant canton, communes et entreprises, en s’appuyant sur sept engagements : un groupe familial, favoriser l’avenir ensemble, l’éthique, l’expertise et la créativité, satisfaire aux exigences, améliorer la performance environnementale et avoir une vision citoyenne. Sur ce dernier point, elle forme une douzaine d’apprentis, et emploie notamment des prisonniers en fins de peine ainsi que des migrants. C’est ainsi que l’entreprise compte 30 nationalités et que par ce biais elle est une véritable source de découvertes de talents. M. Girod constate qu’en l’espace de quelques années d’énormes changements sont intervenus dans le modèle d’affaires de nombreuses entreprises genevoises et que ceci offre un réel espoir.

 

Le dernier orateur, M. Laurent Vacelet, directeur Suisse romande et Tessin de Manpower, fait état d’une nouvelle ère des talents pour révolutionner le monde du travail. Sur le plan démographique, la conjonction du recul progressif de la natalité et du vieillissement des populations induit de forts manques de compétences. La nature des attentes de la génération Z vis-à-vis de leur travail par rapport à leurs aînés a également changé. Un meilleur équilibre de vie et une quête d’épanouissement personnel sont devenus essentiels. L’adoption croissante des technologies permettra par ailleurs aux entreprises de connaître une forte croissance économique, mais les obligera à former leur personnel aux compétences numériques. Enfin, l’avenir appartiendra aux entreprises qui parviennent à accéder à des talents de haut vol. Pour ce faire, elles devront aller les chercher aux quatre coins du monde. Et pour s’imposer, elles devront piloter les risques et renforcer leur résilience face à l’incertitude économique et géopolitique actuelle.

Marco Föllmi, Conseil économique communal

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